«J’ai une suggestion à te faire: réfute la résurrection du Christ et tu réfutes les revendications du christianisme… Oui, prouve que Jésus-Christ n’est pas ressuscité des morts corporellement, et tu auras trouvé une fissure dans les fondations du christianisme qui fera tomber toute la construction…»

Depuis quelque temps, Josh McDowell, jeune étudiant en économie à Kellogg Community College à Battle Creek, Michigan, observe avec attention et souvent avec un certain agacement un groupe de jeunes chrétiens qui n’ont pas peur d’afficher de manière sereine leur foi en Dieu et leur foi absolue, inébranlable dans la Bible et notamment toutes ses déclarations concernant Jésus-Christ, sa naissance virginale, ses miracles, sa revendication d’être Fils de Dieu, sa mort et surtout sa résurrection.

Au fond de lui-même, Josh leur envie la sérénité qui émane d’eux, il voudrait lui-même posséder cette paix, ce bonheur qu’ils affichent, mais son cœur est révolté contre Dieu.

Une enfance difficile…

Josh a connu une enfance extrêmement difficile. Son père, alcoolique, très violent, a détruit sa famille pour assouvir sa passion. Sa mère, fragile, souvent battue, refusant de voir la réalité en face, n’arrive pas à donner aux enfants un foyer où ils peuvent se sentir entourés, aimés, protégés…

Pendant des années, le jeune Josh est une proie facile pour un employé de leur ferme dans le Michigan, pervers sexuel.

Les plaies sont trop nombreuses, les souvenirs trop douloureux. Petit à petit, un sentiment de révolte s’installe au fond de lui, et un jour, après une énième scène de violence dans la famille, Josh, alors âgé de 11 ans, se réfugie dans une grange de la ferme, se cache au fond d’un réservoir à grain, et là, tout seul, dans le noir, il crie sa douleur, sa révolte contre Dieu. Il a l’impression que personne ne l’aime, il se sent seul au monde, et à ce moment, tout cela se transforme en haine contre Dieu, si jamais celui-ci existe.

«Il n’y a pas d’amour dans ce monde, raconte-t-il dans son livre «Undaunted»… Nous sommes tous les mêmes… Notre sort n’est pas meilleur que celui des animaux. Un jour, nous mourrons comme les animaux meurent… Nous serons oubliés et nous pourrirons. La vie n’a pas de sens. Il n’y a pas de Dieu… Tout ce qui me restait de l’innocence de l’enfance avait disparu de manière irrémédiable… quelque chose de dur et implacable avait pris la place de l’innocence. J’accueillais avec bienveillance l’amertume dans mon cœur comme mon meilleur ami… A bientôt douze ans, je dis adieu et «bon débarras» au Tout-Puissant.»

L’étrange défi!

Dès qu’il le peut, il quitte la ferme familiale, misérablement entretenue. Pendant un temps, il s’engage dans l’aviation de l’armée américaine, puis il s’inscrit à Kellogg College à Battle Creek, pour commencer des études d’économie, mais son projet est de faire, plus tard, des études de droit et puis, de se lancer en politique…

C’est donc dans cette université qu’il a l’occasion de faire la connaissance d’un groupe de chrétiens qui l’intriguent. Un groupe très uni, composé à la fois d’étudiants et de professeurs, un groupe très ouvert aux autres, toujours prêt à aider, rayonnant de bienveillance et d’amour. Et c’est donc à l’issue d’une discussion animée, où Josh essaye de les déstabiliser, qu’un membre du groupe le met au défi de réfuter les bases de la foi chrétienne, de prouver la fausseté des écrits de la Bible… et il termine par ces mots: «Ça t’ouvrira les yeux!»

Josh ne s’attend certes pas à un tel défi, il ne sait pas comment s’y prendre, mais il est tellement rempli d’amertume, de révolte et d’orgueil qu’il finit par accepter.

«J’espère, dit-il, que vous serez prêts à juger de manière impartiale les faits et à abandonner vos illusions quand je produirai les preuves.»

«Et toi, Josh, répondit alors un professeur qui faisait partie du groupe: qu’en sera-t-il de toi?»

«Je ne me fais pas d’illusions, professeur, répond Josh, je suis réaliste…»

Une étude minutieuse pour avoir une certitude…

Il commence son étude en lisant la Bible tout en se disant: «Comment quelqu’un qui réfléchit, peut-il considérer que ce livre écrit il y a des milliers d’années puisse être digne de confiance…?»

Au fur et à mesure qu’il avance dans sa lecture du Nouveau Testament, il note tous les miracles, toutes les revendications de Jésus quant à sa divinité. Mais ce qui lui semblait très facile à prouver au début, devient de plus en plus difficile. Plus il avance, plus il est contraint de nuancer ses jugements…

Il approfondit ses recherches à la bibliothèque universitaire, se plongeant dans des écrits réalisés par des agnostiques et des athées, des auteurs comme Emmanuel Kant, Charles Darwin, Sigmund Freud, Friedrich Nietzsche…

Mais il se heurte toujours à un problème : qu’est-ce qui donne à l’opinion «éclairée» d’un sceptique illustre plus de valeur que l’opinion de quelqu’un qui est d’un avis différent…? Ce ne sont que des opinions!

 Il sent bien qu’il lui faut quelque chose de plus que des opinions humaines, il lui faut des preuves historiques, vérifiables, qui conduiront à une seule conclusion : le récit biblique ne peut être digne de confiance parce que Jésus n’était pas celui qu’il prétendait être…

Et pour trouver ses preuves, comme la plupart des auteurs qu’il a étudiés viennent d’Europe, pourquoi ne pas se rendre sur ce vieux continent pour étudier de plus près les sources disponibles dans les grandes bibliothèques et musées d’Oxford, de Cambridge, Londres et Paris, Heidelberg et Genève…

Pour le jeune étudiant de 19 ans, le projet semble bien ambitieux, mais pourquoi pas?

Pour réunir les fonds, il crée, avec un ami qui a des capitaux, une entreprise de peinture, et en travaillant dur, il réunit l’argent nécessaire. Nous sommes alors en 1959.

Jusque dans les plus grandes bibliothèques d’Europe…

Son périple l’amène d’abord en Écosse, suivi d’une deuxième étape presque décisive dans la capitale anglaise : la Bibliothèque Britannique de Londres, la plus grande bibliothèque du monde, où il sait qu’il pourra voir le célèbre Codex Sinaïticus, le plus vieux manuscrit connu du Nouveau Testament.

«Mais… se dit Josh, c’est toujours une copie d’une copie d’une copie. Qui peut savoir quelles libertés ont été prises avec le texte depuis le texte original… si celui-ci existe vraiment?»

Malgré tout, il est fasciné par la beauté du texte, si soigneusement calligraphié. Et tout le Nouveau Testament y est! Si tout cela a été fabriqué, pour quelle raison, dans quel but?

Continuant ses recherches, il se sent immergé dans l’Histoire, il réalise que ces récits sont bien plus réels que ce que l’on peut découvrir dans des livres d’histoire. Ils évoquent des hommes et des femmes qui ont réellement vécu à ces époques lointaines, et… parmi eux, ces hommes et femmes du Moyen-Orient qui étaient les premiers à être appelés chrétiens… il y a près de 2000 ans!

Ils ne pouvaient pas tous avoir subi un lavage de cerveau, et pourtant, ils affirmaient que le fondateur de leur religion était né d’une vierge, avait fait des miracles, était mort et ressuscité.

Ils étaient prêts à maintenir leurs déclarations même face à la mort en martyre.

Et d’autres, qui n’étaient pas des témoins oculaires, embrassaient leur foi et étaient, comme eux, prêts à mourir pour le Christ.

«Comment pourrais-je prouver que ce qu’ils proclamaient comme vrai était en fait faux?», se demandait-il.

Une rencontre inattendue

S’adressant à une hôtesse, il lui explique le but de sa recherche:

«Je suis venu ici pour prouver que le christianisme est bâti sur des mythes, des fabrications humaines…, le mythe de la résurrection, l’impossibilité des miracles…»

L’hôtesse le met alors en relation avec un érudit, Mr Cobb, à qui Josh explique son désarroi:

«La manière dont je vois les choses est que la religion est responsable des plus grands maux de notre monde. Je considère que c’est un mensonge de la pire sorte… Quant à Dieu, je dirais que c’est un mythe… J’aimerais vivre une vie heureuse, comme ces chrétiens semblent le faire, mais pas au prix d’un suicide intellectuel… Mes recherches aux États-Unis ont finalement soulevé plus de questions que de réponses. »

Et ce Mr Cobb, un homme gentil, passionné, va alors passer des heures à conduire le jeune Américain plus loin dans son étude. Petit à petit, il détruit les arguments de ce jeune homme révolté et le déstabilise définitivement:

«J’étais venu chercher un allié qui pourrait m’aider à trouver les arguments pour détruire le christianisme, expliquera plus tard Josh McDowell, mais Mr Cobb était un homme de foi en même temps qu’un érudit exceptionnel…»

Et pourtant personne ne remet en cause l’existence de Platon!

Mr Cobb commence par comparer les sources fiables des écrits bibliques aux sources que nous possédons pour des œuvres profanes de l’Antiquité:

«Actuellement, dit-il, (donc en 1959), nous avons plus de 22000 copies de la Bible ou d’une portion de la Bible à notre disposition… alors que nous avons, en tout, 7 copies des écrits de Platon, dont la première date de l’an 900 de notre ère, 1200 ans après la mort de Platon.

Personne ne conteste pourtant l’existence de Platon…

Quant à Jules César, poursuit-il, c’est un historien grec, Plutarque, qui vécut un siècle après César qui nous cite les paroles de César: «Veni, vidi, vicci ». Et le livre de César: La Guerre des Gaules, entre 58 et 50 av. J.C. repose sur 10 copies, la plus vieille datant de 1000 ans après César…

Lorsque nous comparons le Nouveau Testament à ces textes anciens, nous avons à notre disposition des documents qui sont mieux préservés, plus cohérents, et plus nombreux que pour n’importe quelle autre œuvre de l’époque. Sans oublier qu’ils sont plus près de l’original de plusieurs siècles. Et puisque les documents sont si nombreux, ils peuvent être comparés entre eux… Si les critiques veulent méconnaître la fiabilité et la précision de la Bible, et du Nouveau Testament en particulier, alors ils doivent aussi refuser de reconnaître tous les autres écrits de l’Antiquité. C’est le résultat logique si vous vous approchez du sujet avec un esprit ouvert».

«Seriez-vous prêt à mourir pour un mensonge?»

Puis, cet érudit pose une question au jeune étudiant du Michigan:

«Seriez-vous prêt à mourir pour un mensonge? Et pourtant, les premiers croyants en Jésus étaient prêts à mourir pour leur foi. Ses disciples n’avaient certainement pas plus envie de mourir pour un mensonge que vous et moi. Cela ne peut avoir qu’une signification pour moi. A part le fait que Jésus est réellement ressuscité d’entre les morts et qu’il s’est montré à ses disciples dans son corps, comme la Bible le décrit en détail, il n’y a aucune explication à leur courage.»

A Cambridge et à Oxford, Josh poursuit ses recherches. Il étudie avec attention les écrits de sceptiques devenus par la suite chrétiens convaincus.

Josh est ébranlé mais pas complètement convaincu. Les questions se bousculent dans sa tête. Où est la vérité? Est-ce possible de la trouver?

Comme il l’avait promis à Mr Cobb, il fait un détour par Manchester pour voir un fragment de l’Évangile de Jean datant du début du deuxième siècle, exposé dans la bibliothèque universitaire de Rylands.

La vérité…

Quand il se trouve devant ce fragment, écrit par le disciple «que Jésus aimait», il ne peut en détacher son regard.

A côté du texte en grec, il y a la traduction: «Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix.» Pilate lui dit: «Qu’est-ce que la vérité?» En sortant, il dit aux Juifs: «Je ne trouve aucune faute en lui.»

Josh reste immobile devant ce texte jusqu’à l’heure de la fermeture de la bibliothèque. Il faut que le garde lui indique gentiment que c’est l’heure de la fermeture.

Il déambule pendant des heures dans la ville de Manchester, examinant, ressassant dans sa tête comment cette enquête qu’il avait acceptée dans le but de réfuter la résurrection de Jésus-Christ s’est transformée en quelque chose de bien plus sérieux, bien plus profond qu’il avait pu imaginer…

«Qu’est-ce que tu essaies de prouver?» se demande-t-il à haute voix, tellement il est agité.

«Là, à des milliers de kilomètres de chez moi, je commençais à sentir que pourtant, malgré tous mes préjugés, ce Dieu, dont m’avaient parlé les chrétiens du campus universitaire, était peut-être plus réel que je n’avais imaginé… et peut-être pourrait-il vouloir intervenir dans ma vie…»

De plus en plus déstabilisé, il quitte l’Angleterre pour la France, avant de poursuivre vers Genève, puis encore à Heidelberg, en Allemagne…

N’avait-il pas déjà reçu la réponse à sa recherche? Honnêtement, il pensait que oui, mais il ne voulait pas encore l’admettre.

«Le dernier pas vers Dieu…»

«Le dernier pas vers Dieu, lui dit alors M. Sauer, un ami de Mr Cobb, rencontré à Heidelberg, ne peut être qu’un pas de la foi. La foi naît de la confiance, la confiance émane de l’amour. Et Dieu est amour».

Et il cite pour lui une phrase du grand écrivain Goethe, dans son œuvre « Faust »: «L’homme continue son errance jusqu’à ce qu’il cesse de se débattre».

De retour à Londres, Josh se souvient qu’il reste encore une bibliothèque chrétienne à visiter sur les conseils de Mr Cobb: la Bibliothèque Chrétienne Évangélique de Chiltern Street. Pendant plusieurs heures, il reste là, plongé dans de vieux livres que l’on n’éditait plus. Puis, soudain, à 18h30 –il s’en souvient bien–, il repousse les livres et s’appuie sur le dos de sa chaise, il se frotte les yeux, regarde le plafond et dit tout haut: «C’est vrai!» Il répète: «C’est vrai!» et une troisième fois, encore plus fort: «C’est vrai!»

«Je me sentais comme un train à vapeur arrivant dans la gare expirant une dernière bouffée de vapeur. J’étais muet. Je ne savais pas où j’étais. Je savais seulement que j’étais arrivé.»

Josh McDowell peut retourner à Michigan. Sa quête est terminée. Intellectuellement, il est convaincu de la véracité de la Bible, mais de manière étonnante, il résiste encore à Dieu qu’il continue à considérer comme responsable de tous ses malheurs.

Puis, un soir, enfin, dans une église évangélique près de sa demeure, bouleversé par une prédication sur l’Épître de Paul aux Romains, ch. 10, v.9-10: «Si tu crois dans ton cœur… et si tu confesses de ta bouche, tu seras sauvé», il est prêt. Il se lève à l’appel, le pasteur Logan, qui le connaît depuis longtemps, prie avec lui, et pendant des heures lui explique ce que cela veut dire de vivre en chrétien.

Le chemin du pardon

«Cette conversation, explique Josh, marque le début d’une longue marche en disciple sous la conduite de cet homme sage et dévoué… Quand j’ai quitté l’église tard ce soir-là, je me suis arrêté près de ma voiture, respirant l’air frais de la nuit. Je me sentais comme un homme ayant marché dans le désert, mourant de soif, et qui, enfin, a trouvé une oasis… J’avais juste envie de boire. Les larmes coulaient le long de mes joues. J’ai encore demandé à Dieu de me pardonner ma dureté de cœur, et j’ai senti sa présence, sa douce chaleur, comment il m’acceptait, de façon mystérieuse mais tangible. Ma vie avait changé pour toujours…!»

Dans sa marche avec Dieu, il comprend par la suite que, comme Dieu lui a pardonné, il faut aussi que lui-même apprenne à pardonner à tous ceux qui lui ont fait du mal.

Ce chemin du pardon n’est pas un chemin facile, c’est un chemin d’obéissance, le pasteur Logan lui rappelant les paroles de Jésus au moment de sa crucifixion: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font…»

Le jour où il va voir son père, ce père qu’il a haï jusqu’à vouloir le tuer, il trouve la force de lui dire: «Papa, je t’aime!»

Il ne mesure pas lui-même la portée de ses paroles, et pour son père, qui savait que son fils voulait le tuer, c’est encore plus incompréhensible.

«Comment peux-tu aimer un père comme moi»? lui dira-t-il. Et la réponse du fils qui explique sa conversion… sera pour ce père alcoolique qui a détruit toute sa famille, l’occasion de se tourner lui-même vers ce Dieu qui a totalement transformé la vie de son fils.

Au service de Dieu

Au fil du temps, Josh ressent l’appel à servir Dieu. En 1961, après une formation biblique solide, il commence son ministère dans «Campus Crusade for Christ», un ministère qui va le conduire dans plus de 100 pays du monde pour annoncer le message biblique. Il est aussi l’auteur d’un nombre impressionnant de livres, dont certains traduits dans bien plus de 100 langues. Lui et son épouse ont quatre enfants et dix petits-enfants. Dans l’épilogue de son livre «Undaunted», émerveillé et profondément reconnaissant pour ce que Dieu a fait dans sa vie, il résume ainsi son cheminement avec le Seigneur et ses plus de 60 années de service pour Dieu: «Je suis la preuve vivante de ce que Paul écrit dans sa première épître aux Corinthiens, ch. 1, v. 27-28: « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu. »»

A.A.