«Dans les plaines de Lombardie, la guerre faisait rage. Italiens et Français tentaient de mettre fin à la domination autrichienne sur la région. Durant toute la journée, les trois armées s’étaient livrées à des batailles parmi les plus meurtrières de l’histoire.

Partout, des cadavres jonchaient le sol, à côté de soldats blessés, dont beaucoup étaient mourants. En tout, au cours de cette seule journée, quelque 40 000 hommes étaient tombés, et la plupart d’entre eux restèrent sur place sans aucun soin, piétinés par soldats et chevaux qui sans cesse avançaient ou reculaient.

Les services sanitaires, totalement insuffisants, étaient très loin de pouvoir faire face aux cris des malheureuses victimes. Dans les églises et les maisons réquisitionnées, des multitudes de blessés s’entassaient… Mais le plus grand nombre restait sur le champ de bataille, attendant des secours qui n’allaient sans doute pas venir.»

Ce jour-là, le 24 juin 1859, la vie de Henri Dunant allait être bouleversée.

Ce jeune Suisse, homme d’affaires de Genève, chrétien protestant, homme éclairé par l’Évangile, en découvrant ce terrible spectacle décida d’agir, et immédiatement, il réunit quelques volontaires, organisa des secours.

Payant de sa personne, quinze jours durant avec son petit groupe d’infirmiers improvisés, il prodigua des soins sans distinction de nationalité: «tous frères», tel était le mot d’ordre…

Et la pensée de la nécessité de créer une organisation internationale neutre, prête à intervenir partout, naquit dans son esprit –et son cœur!– et c’est ainsi que Henri Dunant, porté par sa foi profonde en Dieu, créa la Croix Rouge, triomphant des innombrables obstacles et oppositions que pendant des années il rencontra dans ce chemin au service des hommes.

Il suffit parfois qu’un seul homme se dresse, avec détermination, convaincu qu’il faut agir,

pour que les choses commencent à changer et que, dans certaines situations, les habitudes et les mœurs soient transformées.

Il y a ainsi dans l’Histoire des hommes, comme «des cailloux blancs» qui jalonnent la marche vers plus d’humanité, de respect de la vie, de justice…

A côté des torrents de sang et de haine provoqués par les conquérants et oppresseurs de toutes sortes, qui en général tiennent les premiers rôles dans les récits «héroïques et glorieux» des nations,

la place des hommes de bien, des vrais bienfaiteurs de l’humanité est petite, si ténue.

Et pourtant ce sont eux, ces hommes et femmes, qui surent regarder plus haut, plus loin,

s’arrachant aux pesanteurs, aux habitudes de leur temps, aux préjugés et antagonismes bornés,

ce sont ces hommes et femmes qui firent progresser les peuples dans les voies d’une véritable civilisation,

celle qui n’est pas faite de conquêtes et d’asservissement d’autres humains,

de victoires et de pillages,

mais de libération, d’entraide, de partage, de fraternité.

Henri Dunant…

Mais aussi W. Wilberforce, élu de la Chambre des Communes en Angleterre, qui sans relâche combattit l’esclavage.

Pendant 24 ans, il dépeignit l’horrible sort, la souffrance, l’inhumanité de la condition d’esclave.

Malgré les innombrables attaques dont il fut l’objet, tant de politiciens que des grands marchands, d’armateurs négriers, et même de certains membres du clergé… il persévéra !

Il suivit la voie tracée par les «quakers» protestants de Pennsylvanie, et par le pasteur John Wesley.

Face aux élus, à tous les opposants, comme aux foules, il déclara :

«Après m’avoir écouté vous déciderez peut-être de ne pas changer d’avis, mais vous ne pourrez plus jamais dire que vous ne saviez pas.»

Homme dont la Bible inspirait le combat, il poursuivit, en dépit de tout, jusqu’à l’improbable victoire,

jusqu’à l’abolition de l’esclavage en Grande-Bretagne, le 26 juillet 1833.

La France, les Etats-Unis, les Pays-Bas… allaient, eux aussi, s’engager dans cette voie et enfin mettre un terme à l’une des plus grandes souffrances que des hommes ont causées à d’autres hommes, femmes et enfants.

Trois jours après avoir enfin remporté cette immense victoire pour la cause des êtres humains, W. Wilberforce décédait, épuisé mais rayonnant de foi et d’espérance.

Que de noms, connus ou quasi ignorés pourraient être ajoutés à ces héros de la cause humaine…

Oui! Il suffit parfois qu’un seul homme se lève, et parle,

pour que, dans un domaine ou dans un autre,

une prise de conscience se fasse jour

et que d’autres personnes éprises de justice, de vérité, de fraternité,

se lèvent à leur tour.

Il reste tant de combats pacifiques à mener dans tant de domaines de l’existence, dans tant de lieux !

Il faut vouloir regarder au-delà des horizons habituels, des «idées reçues»… pour découvrir de nouvelles perspectives, des réalités jusque-là méconnues ou cachées.

Plus tard, elles deviendront évidence.

Mais pour les pionniers, le chemin à frayer est toujours rude.

«La foi renverse les montagnes» dit le proverbe…

Peut-être pas la seule foi,

mais la foi en l’amour et en la puissance de Dieu, et en la lumière que donne l’Évangile.

 


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