«On peut bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent notre route.»

Combien de pierres y aura-t-il sur notre chemin dans les mois et années qui viennent ?

Nul ne le sait !

Petits cailloux, pierres disséminées ou tombereaux déversés,

nous en rencontrerons tous à un moment ou à un autre.

Qu’en ferons-nous ?

La réflexion de J.W. Goethe mérite que l’on s’y attarde.

Est-il possible, au lieu de buter sur l’obstacle, de s’arrêter découragé ou apeuré,

au lieu de relancer les pierres de la malveillance,

est-il possible de «bâtir quelque chose de beau…» ?

Alors quelle magnifique «revanche» sur l’adversité, quelle réponse victorieuse et noble à ceux qui ont voulu barrer notre route, nous faire choir ou déchoir, ou tout au moins rendre plus difficile notre marche!

Combien dans l’épreuve, la souffrance, la rudesse d’un sentier montueux et étroit ont puisé force et courage et transformé les obstacles en victoires,

victoires sur eux-mêmes et sur les vents contraires d’où qu’ils soient venus.

Le Dr Mac Millen faisait remarquer: 

«Il faut bien distinguer entre le «stress» intérieur, qui agit sur notre organisme, et les causes extérieures. Chacun de nous est constamment exposé à toutes sortes de facteurs de stress et d’anxiété, ce qui ne signifie pas que nous développions obligatoirement une grande tension intérieure avec, pour résultat, la sécrétion de toxines et des troubles organiques…

Les gens réagissent de manière très différente lorsqu’ils sont exposés aux émotions; et il en est de toutes sortes… 

Les médecins passent beaucoup de temps à soigner des gens qui réagissent mal aux diverses situations rencontrées…

Par contre, il est d’autres personnes qui soumises aux mêmes facteurs émotionnels réagissent si bien qu’il n’en résultera aucun trouble quant à leur santé.

…Nous n’avons aucun moyen d’empêcher ces sujets d’énervement qui nous assaillent chaque jour; il faut donc apprendre à nous y adapter…

…notre attitude intérieure est de la plus haute importance pour déterminer si nous allons ou non souffrir des contrariétés quotidiennes de la vie… les épreuves de l’existence ne nous rendront pas malades si nous adoptons la bonne attitude.»

Bien évidemment le Dr Mac Millen n’est pas adepte de la méthode Coué, ni n’invite personne à nier les réalités ou à les fuir; mais à les affronter d’une autre manière. 

La grande expérience de cet homme remarquable et le fruit de sa vie personnelle en soulignent la pertinence et la richesse.

…«bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent notre route»,

plus facile à dire, qu’à faire, penseront quelques-uns!

C’est évident. Cependant cela peut être!

Je me suis souvenu de la vie et de la souffrance d’un pauvre vieillard… c’est le témoignage authentique que nous a transmis le Dr Brand, l’un des pionniers de la chirurgie reconstructrice (et des plus éminents):

Le vieil homme le suppliait:

«Si vous opérez mes mains, je crois que je pourrais faire de la musique pour les autres».

Le Dr Brand regarda l’homme qui lui parlait ainsi, il était déjà âgé, il était pratiquement aveugle et ses mains étaient détruites par la lèpre.

«Docteur, insista doucement le vieillard, je désire beaucoup apporter un peu de bonheur en échange de tout ce qu’on fait pour moi.»

Le Dr Brand avait de forts doutes, mais il fut incapable de résister à cette supplication.

Et il opéra les mains du vieillard.

Mais la chirurgie et la thérapeutique n’eurent qu’un succès relatif.

Quand il fut rétabli de l’opération, le vieillard insista pour qu’on le mette devant un orgue. Un vieil harmonium à pédales fut installé, le Dr Brand plaça une chaise derrière lui et l’aida à s’asseoir.

Il regrettait déjà de l’avoir fait. Comment allait-il pouvoir jouer? Ses mains ne sentaient même pas l’instrument. Ses doigts étaient privés de nerfs. 

Quelques pauvres sons discordants retentirent…

Et puis, soudain, l’orgue commença à chanter, non seulement une mélodie mais toute l’harmonie d’un cantique à la gloire du Christ Jésus. Et tandis que la musique sortait de ce pauvre instrument grossier, le Dr Brand vit sur le visage transfiguré du vieillard, un sourire immense de paix et de bonheur.

Et c’est ainsi que le rêve du vieil homme s’est accompli pleinement. 

Il est devenu par la suite organiste d’une église, où il a créé de l’harmonie non seulement aux cultes, mais pendant les jours de la semaine, apportant de la joie à tous ceux qui venaient l’écouter.

Cela s’est réellement passé ainsi! 

C’est parmi d’autres l’un des joyaux de «la Mission Évangélique contre la Lèpre» qui secourt les lépreux depuis des générations.

Quels seront le nombre et la taille des «pierres» sur notre route?

Quelles qu’elles soient nous devrons faire face et poursuivre notre progression… Et si les cailloux deviennent «rochers» ou même «montagnes»?

Il est un recours qui dépasse et transcende toutes nos forces et parfois nos espérances; cette expérience, beaucoup d’hommes et de femmes l’ont réalisée depuis des siècles. 

Elle a pour source les paroles du Christ: n’a-t-il pas dit que «la foi soulève les montagnes» ou plus exactement que, en réponse à la foi, les montagnes seront aplanies.