C’était en 1925, à l’extrême nord-ouest de l’Alaska, l’un des lieux les plus reculés du monde.

La petite ville de Nome était comme chaque année totalement isolée durant le terrible hiver arctique.

Sur des centaines de kilomètres, il n’y avait alors qu’un seul médecin.

Quand le froid polaire survenait, la mer gelait et nul bateau ne pouvait accoster durant des mois. 

Et c’est là que, soudain, se déclara une épidémie de diphtérie qui entraîna rapidement la mort de plusieurs enfants, étendant progressivement son emprise sur une partie grandissante de la population de la ville et des familles d’Eskimos alentour.

La diphtérie! Mort lente, douloureuse, pathétique.

Il n’y avait plus de sérum !

Impossible d’en faire venir par mer, par air… Il ne restait qu’une issue; une tentative de transport par traîneau tiré par des chiens.

1080 kilomètres de montagnes, de rivières gelées, de plateaux désertiques à franchir par moins cinquante degrés… et le blizzard qui pouvait survenir à tout moment.

C’était une folie pour qui connaissait les conditions extrêmes, inhumaines de cette marche aux mille dangers.

Il se trouva pourtant des « mushers », ces hommes conducteurs d’attelages de chiens de traîneau, pour risquer leur vie et celle de leurs animaux, compagnons de chaque jour.

Ils se relayèrent nuit et jour, tendus vers le but, se transmettant le précieux trésor !

Sur place, le docteur Welch et les trois infirmières luttèrent sans relâche pour tenter de sauver les enfants; et quand la mort anéantissait leurs espoirs, ils étaient désespérés… puis ils reprenaient la lutte contre le terrible ennemi, pour essayer d’en sauver le plus possible.

L’attente angoissée dura de longs jours. Et enfin surgit Gunnar Kaasen transportant le sérum qui, en ces jours-là, avait infiniment plus de valeur pour les habitants de Nome que l’or qui les avait attirés en ce lieu inhospitalier.

Les « mushers » accomplirent l’impossible exploit, et quand l’ultime relayeur atteignit la ville gelée, c’est la vie qu’il apportait.

Les hommes sont ainsi capables de donner le meilleur d’eux-mêmes.

L’histoire et l’actualité font écho – oh! pas assez – de ces actes d’altruisme, de don de soi, que des « gens ordinaires », hommes et femmes comme les autres ont réalisés dans certaines circonstances, oublieux d’eux-mêmes, pas toujours pleinement conscients de tous les risques qu’ils prenaient, ou au contraire, ayant évalué parfaitement qu’ils pouvaient y laisser leur vie.

Et cependant ils agirent !

Certains sont morts, et d’autres s’en tirèrent, comme ce « musher » aux mains gelées collées sur la barre de son traîneau, le visage noirci par le gel.

Alors que trop souvent dans notre monde triomphent et sévissent l’égoïsme, l’indifférence, la jalousie, « le chacun pour soi » quand ce n’est pas hélas, pire encore, l’animosité, voire la haine, quelle joie et quel réconfort de se souvenir que de temps à autre, au milieu des nuages sombres jaillissent des rayons de soleil. Ces véritables héros existent partout, méconnus pour la plupart, ou oubliés. Ce ne sont pas les pseudo-héros de pacotille ou d’Hollywood… 

Mais des gens courageux, humbles, et souvent confus quand l’on met en évidence leur héroïsme.

Edgar Nollner, l’un de ces « mushers » – ils avaient, la plupart d’entre eux, entre 18 et 20 ans – déclarait, surpris de toute l’attention dont il était l’objet : 

«Je voulais simplement aider, c’est tout».

Et Bill McCarty qui reprit, comme si de rien n’était, son métier de trappeur et de pêcheur déclarait: 

«Ça m’a rendu tellement heureux de savoir que j’ai fait du bien à quelqu’un !»

Pour que le souvenir de cet acte de sauvetage exceptionnel demeure, une grande course de traîneaux à chiens est organisée chaque année depuis 1973 : « l’Iditarod ». 

Les « mushers », les chiens d’attelage, les traîneaux, s’élancent pour huit à dix jours de course.

Sauver une vie! Sauver des vies… 

Tendre une main amicale, secourable à celui, petit ou grand qui souffre.

Quand le cœur « parle », tout devient possible et il n’est pas indispensable d’attendre des  circonstances exceptionnelles ; le quotidien offre tant d’occasions de manifester de la compassion et de l’amitié autour de soi.

Noël est proche.

C’est avant tout, par-delà les siècles, le signe que nous ne sommes pas seuls face à notre destin.         

Noël, l’Évangile, c’est la certitude que Dieu peut et veut saisir par Jésus-Christ toute main qui se tend vers lui.