La souffrance!

Ne faut-il pas parler plutôt de ceux qui souffrent?

Il est tellement aisé d’entretenir un débat théologique ou philosophique sur ce thème, et d’oublier la réalité quotidienne vécue par des hommes et des femmes, jeunes et vieux.

A chaque génération des multitudes de toutes races, de toutes classes en sont victimes. Comme devant la mort, devant la souffrance règne une égalité totale.

Nul ne peut s’y soustraire! Telle est la condition des hommes.

Ses formes sont diverses: qu’elles soient physiques, affectives, psychiques ou matérielles, toutes sont douleur, tristesse, parfois désespoir. Son intensité n’est pas toujours directement proportionnelle à ce que la raison peut en saisir; la souffrance affective d’un enfant provoquée par un événement mineur aux yeux des adultes peut être aussi profonde que celle que connaît l’adulte pour quelque chose d’apparence bien plus grave…

C’est pourquoi celui qui veut compatir à la détresse d’autrui doit s’arrêter d’abord, dans une écoute de cœur, sur ce que vit et ressent la victime elle-même.

La création a dévié de son destin premier

La souffrance est un des problèmes essentiels de l’humanité; constamment présente, l’immense question qu’elle pose reste, comme celle de la mort, sans réponse pour l’esprit de l’homme… et les ordinateurs quelque sophistiqués qu’ils soient n’y changeront rien.

La Bible l’aborde résolument, et si elle ne donne pas toutes les réponses que les humains recherchent, elle situe la souffrance dans l’histoire et l’éternité, apportant des lumières essentielles qui permettent, sinon de tout comprendre, du moins d’entrevoir et d’espérer.

La cause première est la rupture de l’alliance avec Dieu; rupture qui a entraîné l’humanité dans un chemin d’égarement et d’errement. La création tout entière a alors dévié de son destin premier, de sa condition première, et a été affectée dans tous les aspects de son existence. Souffrance et mort ont fait leur apparition en ce monde.

La seconde cause des tourments des hommes est Satan, initiateur de la chute, et destructeur acharné de l’œuvre de Dieu.

Souffrants, mais pas abandonnés

Les humains eux-mêmes dans cette dégénérescence qui les atteint, tant au niveau de l’âme que de l’esprit, sont les uns pour les autres souvent causes de souffrance…

Terrible condition que celle des hommes! Mais au sein des ténèbres, Dieu est intervenu, ne désespérant jamais de rétablir ce qui a été détruit, et de ravir l’homme à son terrible destin.

L’amour de Dieu pour sa créature perdue et souffrante ne se dément pas.

Saint Jean révèle:

«Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle».

L’amour de Dieu, compassion infinie, qui s’exprime dans le don de lui-même en Christ,

l’amour de Dieu, partage de la souffrance et de la détresse des humains, qui transparaît dans les pleurs de Jésus devant la tristesse des sœurs de Lazare, ou de la veuve de Naïn, également frappées par la cruauté du deuil,

l’amour de Dieu, identification à la dramatique destinée des égarés dont il partage l’humanité pour les sauver.

Sans la lumière d’En Haut tout n’est que nuit et désespérance.

Dieu voit d’une manière différente

Je me souviens de ces temps si difficiles où, méditant sur la condition des humains, j’ai connu des moments d’immense tristesse… jusqu’au jour où, par prophétie, Dieu me parla, par une personne qui ne connaissait en rien mon tourment intérieur.

En substance, il m’était dit:

«Il y a ce que tu vois de tes yeux, ce que tu penses, ce que tu analyses; il y a tes conclusions et tout cela sur le plan humain, c’est-à-dire charnel.

Mais si tu élèves les regards, au-dessus,

si tu élèves tes pensées, au-dessus,

tes analyses seront différentes, tes conclusions seront différentes, parce que spirituelles.

Alors tu marcheras avec assurance devant ton Dieu».

Ainsi ce fut, et je compris dans la suite du temps ce que dit le Psalmite:

«C’est par ta lumière que nous voyons la lumière».

Il ne s’agissait en rien de nier la souffrance, les souffrances, mais de les considérer à la lumière de l’éternité, sachant que le meilleur est devant nous.

Ne point douter, ne fût-ce qu’inconsciemment, de l’amour, de la miséricorde et de la justice de Dieu… Lui faire entière confiance, sachant que ce qui pour l’homme n’est pas entièrement éclairci, le sera plus tard parfaitement.

Ne pas projeter sur l’Éternel, les motivations, les desseins, les réactions de notre esprit humain, mais en le cherchant profondément, recevoir la révélation de ce qu’Il est.

Alors, éclairée par le témoignage de l’Esprit Saint, par la lumière de la Bible, et environnée de l’amour bienveillant du Père, la marche par la foi devient espérance vivante.

Tout n’est pas résolu, mais la certitude est là, tout le sera.

Les «déserts» de l’homme de Dieu

La souffrance du chrétien, du juste, mérite que l’on s’y attarde.

La Bible nous parle de ces «déserts» que traverse l’homme de Dieu, non point parce qu’il a péché (ce qui alors serait aisé à comprendre), mais parce que au «désert» nous apprenons à relativiser les choses de la terre, à découvrir les vraies valeurs, à nous remettre en question, à nous dépouiller, à nous sanctifier, à rechercher Dieu plus encore.

N’est-ce pas le cri de Job: «Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t’a vu».

Une visite bouleversante

Je me souviens d’une visite, faite à la demande d’un pasteur du sud de la France, visite que j’effectuai dans un hôpital spécialisé du nord de la Bretagne.

Je l’appréhendais quelque peu, étant jeune pasteur. La dame qui m’attendait était atteinte d’une maladie incurable et elle savait parfaitement son état réel.

En fait, cette visite fut pour moi étonnamment bénéfique.

Cette chrétienne rayonnait de paix et de foi. Il émanait d’elle un amour authentique doux et paisible, une espérance rayonnante.

Elle conta son histoire:

Chrétienne, elle menait avec vigueur son ménage, bousculant quelque peu mari et enfants. Elle vivait dans un activisme débordant…

Un jour, elle apprit la terrible nouvelle: elle était atteinte d’une maladie incurable qui, peu à peu, allait lui ôter ses potentialités et ses forces. Le choc fut terrible… et les pourquoi sans nombre!

Puis une nuit, alors que depuis tout un temps, elle recherchait profondément en Dieu, guérison et explication, elle eut un songe, et tout devint clair pour elle.

Voici ce songe:

«Elle vit deux mains tenant l’une un petit maillet, l’autre un petit burin; le maillet frappait à petits coups sur le burin qui faisait alors voler de petits éclats arrachés à un amas de boue séchée et de cailloux durcis: une gangue. Et une voix disait: cela c’est toi; et voilà l’œuvre que maintenant je vais faire en toi…

Le travail se poursuivit, et enfin, la gangue fut brisée; et alors parut un magnifique diamant rose, étincelant de lumière…»

Ainsi pour cette chrétienne fut l’épreuve. Elle connut une transformation totale, qui fit d’elle une personne pleine d’amour, de douceur et d’espérance, véritable signe de la présence de Dieu.

J’en ai été témoin et j’en ai reçu une merveilleuse bénédiction…

Le présent et l’avenir sont illuminés…

Dieu ne voit pas les choses comme nous les voyons.

Il y a nombre d’informations, de connaissances, de réalités que nous n’avons pas.

Un jour nous saurons.

Aujourd’hui est déjà jour de grâce et malgré la dureté de la marche, le présent et l’avenir sont illuminés par les promesses et la présence de Dieu.

Chrétiens mes frères, ayons foi en l’amour, en la justice, en la miséricorde, en la toute-puissance de Dieu,

et allons dire à ceux qui souffrent, –d’autant plus nombreux que nos sociétés matérialistes ont anéanti toute espérance–

que Christ est venu,

et qu’aujourd’hui, ils peuvent recevoir son secours,

et portés par sa présence, marcher dans la lumière vers la vie éternelle….

Y.CH.