Etes-vous « archéo »… ou mieux « paléo » ?

Non pas au nombre des amateurs de l’authentique Grotte Chauvet, ni de la superbe vraie – fausse « Grotte Chauvet-du-Pont-d’Arc », dont les médias ont répercuté à l’infi ni, l’an dernier, les échos venus du fond des âges… et du business touristique !

Non, il s’agit de ces contemporains qui, gagnés par la toute nouvelle « tendance » – le Must des must – se verraient bien y élire domicile (dans ladite grotte, ou dans une autre) du moins en théorie ou fantasme.

Les fans de cette mode prônent un retour à «l’Authentique » – valeur sûre du marketing moderne – sous la forme d’un retour au paléolithique, ou plutôt à un âge de pierre rêvé.

Issu d’un très probable croisement entre l’élan du « retour à la nature », le style « écolo pur et dur », et les théories et pratiques « survivalistes », le néo-homme des cavernes – surtout représenté parmi les bobos et les classes aisées – vit de paléo-expédients :

paléo-régime, qui exclut céréales, laitages, sucres et toute nourriture dont on pense que l’homme de Cro-Magnon l’ignorait, pour favoriser la consommation de racines, de baies, noix et végétaux divers…

Paléo-fitness, qui consiste à courir pieds-nus sur les sentes naturelles, à nager dans les rivières, à grimper aux arbres… Bref, à reproduire des activités physiques des hommes préhistoriques, telles que l’imaginaire se les représente.

Sans oublier, bien sûr, la rusticité – sélective et surtout décorative – de la maison et de son mobilier ; voire du vêtement, que les puristes du genre ne conçoivent qu’en fourrure synthétique quand l’esprit paléo entre en conflit avec la pensée anti-chasse !

Aux USA – d’où vient cette mode, inévitablement – des paléo-stores se créent à foison, la société de consommation s’étant emparée de ce filon d’or des cavernes… Et le raz-de-marée commercial atteint les côtes du vieux continent puisque Berlin possède déjà son paléo-restaurant.

L’on pourrait s’inquiéter de cette vogue épidémique et de ses effets régressifs à long terme sur l’intelligence humaine : l’homo dit « sapiens » le restera-t-il, ou assistons-nous à l’avènement d’un mouvement réducteur de tête, et de cerveau ?

Il est vrai que certains « parlers » et styles musicaux actuels – très onomatopéiques – semblent déjà témoigner d’une certaine dégradation de la fonction langagière…

Heureusement, comme toutes les modes, celle-ci durera sans doute encore moins que le « temps de la rose » du célèbre Malherbe, et sera chassée par une autre… D’autant plus que la virtualité y tient une grande place. Et c’est aussi heureux, car à vouloir réellement vivre la rude vie de nos lointains ancêtres, les néo-paléos succomberaient en nombre, eux qui ont déjà tant de mal à allumer le feu de leur barbecue de jardin ou de terrasse.

Il n’empêche, le plus dur en ce siècle boulimique de modes et de tintamarre médiatique n’est-il pas de garder la tête sur les épaules – avec un cerveau dedans – et de rester maître de ses choix, libre de ses pensées ?… Difficile, mais salutaire !

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