«Quand notre monde a cessé d’être chrétien»,
l’historien et écrivain G. Cuchet, en titrant en ces termes son dernier ouvrage, suscite, au moins, deux remarques :
– Le monde a-t-il un jour été chrétien ?
– Le grand recul de l’église catholique romaine et de son pouvoir, ainsi que l’étiolement de plusieurs autres églises «historiques», permettent-ils de conclure au repli de l’Évangile ?
Le monde, ni l’Europe n’ont jamais été chrétiens !
Tout au plus pourrait-on dire que la civilisation européenne dans son ensemble a été fortement marquée par le «judéo-chritianisme».
Le grand prédicateur anglais Charles Spurgeon n’écrivait-il pas :
«Parler d’une Europe chrétienne est une monstruosité».
Il est vrai que si l’on raisonne en termes de pouvoir, la puissance de l’église romaine a, durant des siècles, imposé sa domination, son «imprimatur» sur les esprits autant que sur les livres…
A un degré moindre, dans les pays dits protestants, l’hégémonie luthérienne ou calviniste a aussi fortement influencé les pensées et les mœurs.
En cela, l’ébranlement des structures romaines, ou liées à Rome, l’effondrement de la pratique religieuse, la diminution spectaculaire des «vocations» et les vides sans cesse croissants dans les rangs du clergé,
donneraient raison à l’analyste, d’autant plus que, catholique romain lui-même, il considère l’ensemble au regard de son église, identifiée au christianisme !
Mais si l’on considère la réalité du christianisme tant sur le plan de la révélation biblique que de l’histoire, l’approche est très différente et les conclusions tout autres…
Le catholicisme romain, comme les églises protestantes, luthériennes, réformées, ainsi que les églises orthodoxes, sont des églises «multitudinistes» où l’on devient «chrétien» sans choix personnel, par le baptême des enfants.
La plupart de ces enfants, «chrétiens» de nom, mais pas par décision ni conviction personnelle, deviendront des gens d’une religion, membres sociologiques, ou culturels d’une structure…
Tout comme ceux qui ont cheminé par intérêt ou par imitation dans les églises représentant un pouvoir dans la société, ces personnes dites chrétiennes n’ont souvent que peu ou pas de connaissance des écrits bibliques et ignorent l’expérience de la conversion, de la naissance d’en haut, de la vie nouvelle en Christ, dont Jésus parlait en particulier au théologien juif Nicodème (év. de Jean : ch. 3).
Tant que le monde ambiant, «la civilisation» dans laquelle ils vivent, est en adéquation avec leur «piété», leur pratique… ils ne se posent guère de problème et suivent le courant majoritaire…
Mais que «le monde» évolue, que les mœurs et lois et modes divergent de «leur religion» et beaucoup s’en éloignent…
La seconde partie du XXe siècle, avec le bouleversement des mœurs, les ébranlements du concile Vatican II, l’irruption de «religions» exotiques ou de sectes diverses, l’attrait du matérialisme et des jouissances hédonistes… a entraîné «ce plus grand nombre» dont parlait Jésus, gagné, séduit par «l’anomia» (év. de Matthieu ch. 24 : v. 12),
et amené l’effondrement «du monde ancien», de ces structures religieuses bâties sur des modèles plus horizontaux que bibliques, tels l’église catholique et l’Empire Romain…
Mais les églises, et surtout les familles et les personnes, dont la foi, la vie étaient fondées sur la Parole de Dieu, les Évangiles, ont résisté…
Jésus n’a-t-il pas déclaré :
«Les cieux et la terre passeront, mais ma Parole ne passera pas».
Dans la parabole dite «des maisons» (Matthieu ch. 7: v. 24 à 27), n’annonçait-il pas que les maisons, les vies bâties sur le sable (philosophies, pensées, plans des hommes…) s’écrouleraient,
mais les vies, les maisons construites sur le roc de sa Parole résisteraient à toutes les vicissitudes, tous les bouleversements qui ne manqueraient pas de survenir…
Ainsi ce fut !
«Le monde n’a jamais cessé d’être chrétien» parce qu’il ne l’a jamais été.
«Mon royaume n’est pas de ce monde» a révélé Jésus-Christ.
Mais il a aussi prophétisé que «son église», celle constituée de tous les authentiques croyants, église de tous les temps et de tous les lieux, résisterait: «Je bâtirai mon église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle».
Ainsi tout véritable enfant de Dieu, celui que définit notamment en ces termes l’Écriture : «Si quelqu’un est en Christ il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici: toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu…» (2 Corinthiens ch. 5: v. 17, 18), n’a rien à redouter.
Les civilisations passent, les hommes s’agitent, mais l’œuvre de Dieu, le dessein de Dieu s’accomplit et s’accomplira.
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