L’Africain souriait malicieusement…
Ses collègues français venaient de se moquer gentiment de lui :
Comment, un haut fonctionnaire de France, pouvait-il lorsqu’il retournait dans son village en Afrique, «quitter aussitôt costume, cravate… pour revêtir un pagne, prendre son arc et aller dans la brousse !»
Difficile à imaginer en le voyant vêtu impeccablement à l’européenne !
Bien que vraisemblablement quelque peu blessé par leur moquerie amicale mais condescendante, il choisit de leur répondre avec humour, à peu près en ces termes :
«Nous aussi, les Africains, nous trouvons étrange et amusant de voir tant d’hommes et de femmes en France se promener avec un animal au bout d’une ficelle… Cela nous fait rire… et paraît un peu ridicule.»
Il faisait allusion, bien évidemment, aux chiens de toutes tailles promenés en laisse.
Cette réflexion inattendue obligea soudain les auditeurs à pousser plus loin leur réflexion.
L’habitude fait considérer comme une évidence ce qui étonnera ou choquera l’étranger… Ainsi bien des comportements, en tous domaines sont considérés comme normatifs…
Ne dit-on pas par exemple : «Ce n’est pas très catholique…» en terre où l’église romaine a été prédominante… Parole qui est très significative d’une manière de penser… Or en d’autres lieux et civilisations un ostracisme inverse, musulman, bouddhiste… peut être tout aussi manichéen.
«Comment peut-on être persan ?» s’esclaffaient bêtement les courtisans de Louis XIV, regardant avec mépris l’habillement du Persan et ne se rendant même pas compte de l’extravagance de leurs perruques, poudre et autres dentelles…
L’Africain avait intelligemment réagi :
au lieu de se vexer ou de crier au racisme, il avait sagement choisi d’amener ses interlocuteurs à plus d’ouverture d’esprit et de grandeur d’âme.
Il est vrai qu’en ce monde les préjugés, les a priori, les us et coutumes entraînent beaucoup de malentendus, de jugements, parfois de disputes et même de persécutions, surtout quand à la méconnaissance s’ajoutent un esprit borné et l’orgueil de race ou de caste !
Que de souffrances ont été ainsi occasionnées !
Cela peut être en divers domaines et parfois chez ceux qui se considèrent eux-mêmes «tolérants» et «intelligents».
Ainsi par exemple, l’incompréhension, l’arbitraire, la prétention, «la courte vue» peuvent exister au sein du couple… Si l’amour vrai, l’écoute de l’autre, l’humilité, le désir réel de comprendre, d’aider, de marcher ensemble unis, n’éclairent pas le quotidien des jours… les heurts, les jugements erronés, les disputes… peuvent fissurer la communion, altérer l’unité, et éteindre l’amour.
Il faut toujours veiller et être attentif à l’autre et ce, à tout âge !
Mais des situations semblables peuvent se retrouver également sur les lieux de travail, dans les écoles, lycées, universités, enceintes sportives, etc., et engendrer beaucoup de conflits…
A tous les niveaux de la société, dans toute entité, ces dérives d’incompréhension, d’orgueil, d’affrontements, sont possibles…
L’Africain a agi et réagi en homme sage, civilisé, ne cédant pas à ce qui aurait pu paraître une provocation !
Et pour ses collègues, la leçon amicale a été plus bénéfique et forte que toute attitude outragée ou explosion de colère.
Il eût certes mieux valu que la remarque ironique sur son pagne, son arc… ne fût pas faite, et mieux encore, ne soit pas venue à la pensée de quiconque.
Mais l’homme est homme et il a besoin d’être éclairé, éduqué… tout au long de la vie, et surtout dès la plus tendre enfance…
On est très loin aujourd’hui de cet idéal de pensée et de manière de vivre !
Certains «jeunes» et «moins jeunes» se conduisent, ou plutôt se manifestent négativement, étant pour les autres une source de problèmes, et finalement pour eux-mêmes aussi! Mais heureusement chez d’autres jeunes l’on découvre avec joie les signes d’une éducation attentive au prochain.
Question importante pour tous:
Qu’en est-il du respect de l’autre? de ce qui lui appartient? du bien commun ? Sans parler de compréhension, d’entraide… de partage, d’amitié !
Il y a beaucoup à faire !
Quelle tâche, pour les parents, les éducateurs…
Mais quelle noble mission !
C’est encore cette parole du Christ, de l’Évangile, que je voudrais citer, car elle résume tout…
«Aime ton prochain comme toi-même.
…Celui qui aime ne fait pas de mal à l’autre.»