«… la plupart des hommes mentent comme ils respirent.

… si un homme nous pose une question gênante, nous répondons toi et moi: il s’agit d’une affaire que je préfère ne pas discuter!

Un homme ne devrait jamais mentir.»

Dans la remarquable biographie qu’il a consacrée à Cochise, Elliott Arnold rappelle également l’entretien que T. Jeffords eut avec le général Howard, nommé en territoire apache:

Ce sont là les pensées que Cochise, l’un des plus grands chefs de l’histoire indienne, partageait avec son ami et «frère de sang», l’homme blanc Thomas Jeffords.

«… ne faites jamais aucune promesse imprudente à Cochise; si vous lui promettez dix choses et que vous ne lui en donnez que neuf, vous serez toujours dans son esprit l’homme qui ne lui a pas donné la dixième chose.

Il vaudrait mieux ne lui en promettre que neuf ou même moins encore et le satisfaire entièrement… Les Apaches sont des gens qui tiennent parole à la lettre.»

Une telle ligne de conduite ferait aujourd’hui rire avec une commisération ironique beaucoup de nos contemporains et en particulier, nombre de ceux qui sont «aux affaires».

N’a-t-on pas entendu cyniquement deux des plus hauts responsables des dernières décennies, dans notre pays, déclarer l’un comme l’autre: 

«Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent!»

Et puis Cochise, les Apaches, étaient «des sauvages», n’est-ce pas! «Nous n’en sommes plus là!» «Notre civilisation est très raffinée!»

Et pourtant, je partage tout à fait la conclusion de Cochise:

«Un homme ne devrait jamais mentir».

«Un homme» disait-il, avec le sens de l’honneur et de la dignité que ces Indiens possédaient souvent.

Mentir est facile, un mensonge est une lâcheté, avant même d’être une tromperie.

N’importe qui peut mentir, à n’importe quel moment, et dans n’importe quel domaine!

Dire la vérité, refuser la fuite ou la dissimulation dans le mensonge, exige du courage, de la maîtrise de soi, et le respect de l’autre.

Il ne s’agit certes pas de dire tout ce qui «passe par la tête», «mille pensées folles» comme le soulignait un homme sage,

pas plus que de se croire obligé de répondre à toutes les questions que d’aucuns posent…,

mais de ne jamais tricher, ni mentir, ni tromper…

Ne pas répondre, c’était toute l’élégance et la sagesse de Cochise en ces circonstances-là!

Il n’y a rien de plus destructeur que le mensonge! Il détruit toute confiance, que ce soit dans le couple, au sein de la famille ou dans les relations sociales, commerciales ou autres.

Comment croire quelqu’un qui ment!

C’est pourquoi, hommes et femmes se sont donné beaucoup de peine pour inventer toutes sortes de formules, «je jure sur…» et autres choses semblables au cours des siècles.

Le Christ disait: «Que votre oui, soit oui, que votre non, soit non!…»

C’est simple, lumineux, mais exigeant!

Il n’y a pas d’autre alternative; aucune autre base pour établir ou restaurer s’il en est besoin, ce sentiment merveilleux qui ennoblit l’âme et éclaire l’amitié et l’amour: la confiance!

«Mon papa ne ment jamais!»

Heureux l’enfant qui peut affirmer cela! Quel lien solide s’est établi entre lui et son père! Lien qui se révèlera peut-être essentiel plus tard dans telle ou telle circonstance.

C’est pourquoi, en ce temps de Noël, je voudrais avec simplicité évoquer le personnage si sympathique du Père Noël, tellement commercialement exploité aujourd’hui.

Cette légende, née au XIXe siècle, ajoute une note charmante pour les enfants, mais peut, si l’on ne veille, avoir un effet inattendu et redoutable quand le «gentil» mensonge apparaîtra comme tel aux yeux de l’enfant.

N’eût-il pas mieux valu, tout en maintenant le personnage du Père Noël, lui expliquer que c’est une légende, comme une pièce de théâtre… L’enfant entre si volontairement dans la fiction et le jeu, sans que cela ne lui pose problème…

Et ainsi la vérité, la confiance en la parole des parents, auraient été maintenues. En lui ajoutant toutefois de ne rien dire à ses petits amis pour ne pas les troubler et risquer de causer ainsi quelques problèmes à leurs parents. 

Il n’y a pas si longtemps, j’entendais une publicité, non seulement médiocre comme hélas il y en a beaucoup, mais qui plus est, présentait le mensonge comme un réflexe «génial» et opportun…

Les concepteurs de cette «pub» ont-ils réfléchi, non pas à ce qui ne semble guère les préoccuper, c’est-à-dire l’honnêteté et la vérité, mais au caractère improductif de leur supposée «géniale idée»: en effet, cette manière cynique de vanter le mensonge et la tromperie peut se retourner contre le «produit» qu’ils sont chargés de vendre! Car, qui réfléchit quelque peu n’accordera aucun crédit à leur invitation ou appel à «faire confiance» à ce qu’ils présentent et recommandent.

Car finalement, tôt ou tard, le mensonge se retourne contre celui qui l’utilise.

C’est un engrenage redoutable. Un mensonge en entraîne un autre… Cela devient une habitude!

La vérité, elle, est lumière. 

Elle libère et grandit celui qui la cultive, tout comme celui qui en bénéficie. 

La vérité n’a pas de prix, elle seule demeurera…

C’est là l’un des messages profonds que Jésus, le Christ, en ce Noël d’il y a longtemps, est venu révéler aux hommes de tous les temps.