Quel danger Paul discernait-il chez les chrétiens de Galatie pour leur adresser une telle mise en garde ?

«…Après avoir commencé par l’Esprit, allez-vous terminer par la nature charnelle ?

…Avez-vous fait tant d’expériences en vain ?»

Mais n’est-ce pas là l’une des grandes dérives de la plupart des courants religieux et des églises au cours des siècles…

Déjà, en quelques décennies, bien des assemblées telles celle de Laodicée, et même d’Éphèse, avaient dangereusement dérivé.

Et Jésus les reprend sévèrement…

Une telle dérive… toujours nouvelle !

L’histoire du christianisme apporte, hélas, de multiples exemples attristants de l’abandon de la foi vivante des commencements, l’abandon de la fidélité à la Parole de Dieu, de la vie spirituelle marquée par les miracles, l’abandon de la communion profonde et authentique avec Dieu et avec les frères et sœurs dans la foi, l’étiolement de l’élan sans cesse renouvelé pour évangéliser les perdus, d’une marche joyeuse dans la sanctification…, remplacés par une religion de rites et de traditions, apparence plus que réalité.

Connaissant cette propension des humains à tout interpréter et à instituer selon leurs pensées, leurs sentiments, leurs raisonnements (et parfois leurs phantasmes), l’Eternel avait interdit au peuple d’Israël de «tailler les pierres de l’autel» (Exode 20 : 25),

comme il avait interdit de faire des représentations, des statues et autres élucubrations de l’esprit de l’homme… (2e commandement: Exode20:4)

Lorsque l’homme s’abandonne à ses pensées, il établit «une religion», «sa religion» conforme à ses désirs et pratiques… Que cette réalisation soit évolution de ce qui était ainsi «les pierres taillées» de l’autel (plus artistiques, plus belles, plus…), ou théologies d’un nouveau genre, plus acceptables pour «les sages» et les gens du « monde» ou encore des modes diverses faisant de l’expression de la piété un moment festif («Que ta volonté soit fête»! osait écrire un de ces personnages!), etc., tous ces chemins mènent à l’altération de la foi authentique…

David crut, lui aussi, qu’il fallait «moderniser» la piété d’Israël.

Il fit construire un char neuf (certainement très élaboré!), que tiraient des bœufs, pour porter «l’arche de l’alliance».

Que d’approbations il reçut vraisemblablement: «Enfin, on évolue…», «Ces vieux textes ne sont plus d’actualité… etc.»

Et les Lévites furent priés de laisser la place à la nouvelle pratique religieuse.

On sait ce qui arriva… (1 Chroniques: ch. 13 et ch. 15)

Décidément, Dieu ne change pas !

Il est vrai que la Bible révèle qu’«il n’y a en Dieu ni changement ni l’ombre d’une variation…»

Paul lorsqu’il reprend les Galates qui s’écartent de la révélation de Dieu, quelque séduisantes que soient «la nouvelle théologie» et les nouvelles pratiques, avertit, en fait, au-delà d’eux les chrétiens de tous les lieux et de tous les temps!

Quand l’évangile n’est plus que religion

Passer de l’Evangile à la religion est une séduction qui guette toutes les églises et tous les chrétiens.

Cela peut se réaliser en quelques générations :

La première, celle dite «du réveil», de la découverte vécue de l’Evangile, demeure en général relativement fidèle.

La deuxième génération suit souvent le chemin tracé par les pionniers, mais sans en revivre les expériences…

David Duplessis, homme de Dieu très connu, les appelait «les petits-fils», concluant: «Dieu n’a pas de petits-fils, mais des fils.»
Interpellation très simple mais claire.

La troisième génération, la quatrième souvent, ne gardent plus que des souvenirs et des traditions…

Et si «les puits d’Abraham» ne sont pas recreusés pour retrouver la source initiale, quelques «sages» interpréteront et l’Écriture et la tradition reçue pour les rendre plus présentables, plus acceptables!!!

«Saducéens» de toutes les époques ou «pharisiens» gardant les apparences sans les réalités de la foi.

C’est une quasi constante…

Certes «l’institution» est utile et l’on note que dès les premiers pas de l’Église naissante (Actes: ch. 6; Éphésiens: ch. 4; 1 Timothée: ch. 3), il fallut établir certaines règles et normes de vie…

Mais quand «l’institution» devient l’Église et que «les pierres vivantes» sont remplacées par la pratique religieuse sacralisée, «la vie de l’Esprit» s’en va et la religion règne.

Il a parfois été fait mention de «la tension entre le prophétisme et l’institution»… remarque qui n’est pas dépourvue de vérité.
Mais au-delà de tous les excès, les crispations, voire les déviances, ce qui demeure la règle à mesurer, les normes intangibles de la foi biblique et de la vie chrétienne, c’est la révélation de l’Évangile, l’exemple du Christ, le surgissement du Saint-Esprit.

Une piété personnelle et ecclésiale, en plein accord avec ce que révèle la Bible et que les hommes de Dieu du passé ont vécue.

«Il est écrit» rappelait souvent Jésus, le Messie.

Alors s’accomplit la volonté de Dieu, son dessein préparé d’avance, tant dans la vie de l’homme, de la femme fidèle, que dans les églises.

Pasteur Yvon Charles

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