65 € par mois… c’est tout ce dont peut disposer pour vivre Marija Zlatic, retraitée serbe de 86 ans. Elle vit donc plus que modestement dans une masure sans chauffage de la région de Boljevac, zone montagneuse de l’Est de la Serbie… Si modestement – il faudrait même écrire misé-rablement – que des amis se chargent de lui apporter des vivres et du bois pour le feu. « Fidèles au poste » depuis des années, ils font régulièrement deux heures de marche depuis le village le plus proche pour rejoindre à travers la montagne le hameau où habite Marija.

Mais l’an dernier, celle-ci a reçu une nouvelle aussi officielle qu’incroyable : elle venait d’hériter de 611 000 €, légués par son mari, décédé en Australie en 2011 !

En 1956, Momcilo Zlatic – alors menuisier – avait émigré en Australie  avec sa jeune épouse. Mais deux ans plus tard, Marija était rentrée en Serbie afin de soigner sa mère, malade. Et elle avait ensuite choisi de rester vivre au pays.

Les années passant, Momcilo Zlatic avait bien réussi, notamment dans l’élevage bovin…

Plus de 600 000 €, voilà qui mettait la vieille dame à l’abri du besoin pour le reste de ses jours, et lui promettait même une fin de vie dorée.

Mais Marija en a voulu autrement : résolue à ne rien changer dans sa manière de vivre – et « la tête sur les épaules » – elle a choisi de donner cet argent à ses « voisins » qui venaient l’aider depuis si longtemps :

« Je n’ai pas besoin d’argent. Eux, oui, ils en ont besoin. Ma retraite de 8 000 dinars (65 €) me suffit  largement » a-t-elle déclaré au quotidien serbe Vecernje Novosti.

Il est des gestes, des attitudes, des manières d’être et de faire tellement opposés aux courants de l’époque, aux pensées d’une société, qu’ils font naître chez beaucoup des sentiments et réactions de stupéfaction incrédule, d’admiration et d’incompréhension mêlées ; et sans doute chez plusieurs, d’ironie apitoyée…

Le geste de Marija envers ses voisins – et leur geste persévérant envers elle – est un peu comme un miroir où peut se regarder notre société de plus en plus gangrenée par la primauté de l’argent, devenu valeur suprême, et par ses inévitables avatars que sont le matérialisme et l’égoïsme…

Ces gestes sont aussi une fenêtre ouverte sur un autre monde, un monde de désintéressement, d’altruisme, d’authentique solidarité, de vraies valeurs… Un monde d’humanité, où il fait bon vivre. Quel inestimable héritage nous laisse Marija Zlatic !

 

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