Trois fois il fut appelé aux plus hautes fonctions dans son pays… et trois fois, sa tâche achevée, il reprit le chemin de sa maison et de ses champs.

Cincinnatus, car c’est de lui qu’il s’agit, étonne !

Alors que le désir secret ou proclamé de la plupart des hommes de toutes les époques est de conquérir : pouvoir, puissance, richesses… alors que beaucoup de grands personnages de «l’histoire» – et de l’actualité – ont tendu ou tendent tous leurs efforts pour satisfaire leurs ambitions, sans s’attarder, pour certains, sur les problèmes de conscience ni sur les moyens à employer, Lucius Quinctius Cincinnatus fait partie de cette petite cohorte de véritables héros qui n’ont rien voulu d’autre que servir leurs conci toyens et mener une vie simple et droite.

C’est en 460, avant J.C., que les licteurs lui portèrent la nouvelle de sa nomination au Consulat. Ils le trouvèrent dans son champ, qu’il labourait lui-même.

En 458, avant J.C., il fut nommé à la fonction suprême de “Dicta teur”, ayant tous les pouvoirs pour un temps défini. La situation de Rome était grave ; son armée était encerclée par les Eques et les Vols ques. Il remporta la victoire et obtint le Triomphe, honneur grandissime.

Mais refusant toutes récompenses, il quitta le pouvoir seize jours plus tard et regagna ses champs.

En 439, avant J.C., la République en danger l’appela à nouveau, et le nomma une seconde fois “Dictateur”. Là encore, sa mission achevée, il s’en alla comme par le passé, retrouver sa vie simple et sa charrue, définitivement.

Incompréhensible diront certains, ridicule ajouteront les ambitieux, « Quel idiot ! » concluront d’autres.

« Comment ? Posséder le pouvoir, et qui plus est en toute légalité, avec tout ce qu’il offre… et s’en retourner à son ancienne vie rustique ?

La charrue au lieu du trône ! Les mains calleuses, une existence sans relief au lieu des ors, des pourpres et de la gloire des palais ?… Décidément, Cincinnatus est vraiment “étonnant” ! »

En fait, ce Romain, paysan, soldat, homme d’Etat, n’était pas unique, même si son destin le fut peut-être.

Il personnifie ces hommes et ces femmes qui ont de leur vie le sen timent le plus élevé, non pas par orgueil, mais simplement parce qu’ils placent haut la dignité de l’être humain.

Ils connaissent le caractère éphémère de leur existence ici-bas et sont pleinement lucides quant aux valeurs sur lesquelles se fonde une existence droite, et refusent celles, illusoires ou trompeuses, de la scène de ce monde qui passe.

Ils s’attachent à ce qui seul a du prix à leurs yeux, ce pour quoi il vaut la peine de vivre, et dont la valeur ne s’altère pas quand s’effacent les ans, s’écoule inexorablement la vie.

Ces hommes et femmes ne sont «ni à acheter ni à vendre» et ne se laissent pas corrompre ; déterminés, ils suivent la route qu’ils se sont tracée.

Avec probité, désintéressement, simplicité, humilité, dévouement, respect de soi et des autres, de la parole donnée,

défenseurs de la liberté et des libertés, ils marchent dans un chemin où l’on ne se bouscule pas !

Ils sont toujours prêts à servir avec dignité sans jamais vouloir imposer à quiconque l’idéal qui les anime, à l’inverse des dictatures de toutes obédiences du passé et du présent…

Ils sont, eux, simplement signes d’une autre réalité pour quiconque les observe et réfléchit. Ils ont choisi les joies simples, celles qui demeurent quand tout passe, laissant à d’autres les «paillettes », et gloires d’un jour, ainsi que toutes jouissances frelatées…

Finalement, ces Cincinnatus, sont de tous les temps, même si des époques comme la nôtre ne facilitent pas leur existence, loin s’en faut !

Pour vivre ainsi, alors que les moeurs et les modes, les tentations et séductions poussent vers des comportements plus «normaux » voire plus «normatifs»,

il faut une âme bien trempée, avec un idéal solide, implanté au fond du coeur.

Il faut une échelle des valeurs établie après mûre réflexion, examen attentif de l’histoire et des leçons qu’elle donne.

Il faut écouter sa conscience, conscience éclairée et toujours affinée.

La Bible apporte, à qui le désire profondément, cette lumière intérieure qui éclaire l’âme, tout comme le chemin de la vie, l’histoire et l’actualité.

Les temps et les modes changent au gré des flux et reflux des marées de ce monde et des civilisations… mais la route de l’homme de tous les lieux et de toutes les générations demeure la même quand la Bible l’illumine.

Cincinnatus ! Quel sujet de réflexion ! «Oui, pour toutes les échéances électorales », diront plusieurs.

Sans aucun doute… mais pas seulement pour cela.

 

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