En 1973, le pasteur Michel Maréchal
témoigne…

C’est en 1973 que les pasteurs Yvon Charles et Clément le Cossec recueillaient pour « les Documents Expériences » le témoignage de Michel Maréchal, alors pasteur à Vimoutiers.

Nous publions ci-dessous l’essentiel du bouleversant récit de sa conversion et de l’extraordinaire guérison qu’il a vécue, un miracle qui a surgi en réponse à la prière de la foi.

«Lorsque mes parents se sont séparés, j’étais très jeune et j’ai été placé chez une nourrice. J’ai grandi, mais une chose me manquait: c’était l’affection maternelle et paternelle. Puis, je suis allé chez mes grands-parents; mon grand-père, très méchant, battait tout le monde. Je fus alors placé dans un pensionnat, comme interne, Et là, il s’est passé quelque chose dans ma vie. J’avais 10 ans. J’ai réalisé que j’étais un bâtard, rejeté de la société. Le soir, quand je me couchais, je me cachais sous les draps et je pleurais parce que je ne pouvais pas dire bonsoir à mes parents : j’étais seul. Alors la haine a commencé à germer dans mon cœur.

Quand ma mère s’est remariée, je suis allé chez elle. A cette époque-là mon père allait à des réunions d’évangélisation, et quand j’allais le voir (puisque je n’étais pas à sa charge), j’y assistais aussi.

Mais vers l’âge de 13 ans et demi-14 ans, j’ai mal tourné. Je suis parti de chez mes parents. J’avais une situation de commis boucher, et je pensais que j’avais toute la vie devant moi.

Alors j’ai voulu faire comme tout le monde. Je suis allé aux fêtes, aux bals… Et quelques mois après, je fus entraîné dans une bande de blousons noirs. Nous avons été arrêtés pour vol de voitures, bagarres… J’étais un violent. Lorsque nous allions à une fête, une demi-heure après, la bagarre était commencée. Mais même tout seul, elle ne me faisait pas peur! Après ma conversion, je me suis rendu compte que la vue du sang à l’abattoir m’avait traumatisé. En plein combat, cela ne m’aurait rien fait de tuer un homme. J’avais vu des centaines de litres de sang couler sous mes yeux.

Les jeux d’argent plus qu’une passion : un esclavage !

C’est une nuit, au commissariat, que j’ai senti que toutes ces choses ne me rapportaient rien. Là, tout à coup, ma vie a pris un autre cours… mais malheureusement pour devenir plus mauvaise. Une nuit, deux camarades, ne sachant que faire, se sont mis à jouer au poker. Ils ont continué le lendemain et m’ont demandé de jouer avec eux. Nous avons joué pendant quelques heures, seulement, quelques pièces de 20 centimes. Quelques jours après, nous nous sommes retrouvés dans un cercle de jeux où il y avait des adultes.

Pris par la passion du jeu…

J’ai réalisé que c’était un autre milieu et que là je risquais beaucoup moins que parmi des jeunes.

Je me suis mis à jouer au poker avec ces hommes de 50 ou 60 ans. J’ai perdu, bien sûr. Quelques temps après, j’y laissais ma première paye et cela m’a fait très drôle; j’ai continué à jouer. Le soir, je rentrais dans ma chambre et je m’entraînais seul, pour arriver à truquer. Bientôt, je pus jouer des nuits entières, jusqu’à 12 ou 15 heures d’affilée, et risquer de fortes sommes.

Ces jeux m’ont entraîné à boire, à fumer (2 paquets par jour) et dans toutes sortes de passions mauvaises. Une nuit même, j’ai failli me retrouver dans la Seine après un règlement de compte de jeux.

Un jour j’entendis une prophétie qui racontait ma vie. Personne ne me connaissait, personne ne savait ma situation. C’était lors d’un culte à l’église de L’Aigle. Pendant des années, j’ai lutté contre cette prophétie et le diable s’emparait de moi.

A 17 ans, j’avais jusqu’à 250F de dette au café. Je jouais au tarot, à tous les autres jeux. C’était une passion. Je sortais de mon travail à midi et j’avais une coupure de 1h30 à 2h30, c’était pour aller jouer aux cartes. Quand j’étais parti, je ne pouvais plus m’arrêter. Je ne revenais jamais à mon travail avant 3h15. Le samedi soir, je passais la nuit entière à jouer. J’étais avec des hommes qui avaient perdu leur fortune dans les casinos. Je jouais dans un café, publiquement. Parfois je ne me couchais que le lundi soir. J’avais passé tout mon temps aux cartes. C’était plus fort que moi. 

Au bout de 3 ans, je m’étais fait un certain nombre de relations à Nantes. La police venait voir. Elle me trouvait en compagnie d’hommes connus de longue date et ne me disait rien. On me laissait jouer.

J’ai failli tuer mon père

A l’âge de 18 ans, j’ai décidé de quitter la ville et de partir dans une autre ville où se trouvait mon père. Je pensais qu’il s’était assuré une situation; mais je me suis aperçu que mon père était un buveur et qu’il avait des maîtresses. Quand je rentrais le soir, il était ivre, avait tout dépensé et ne donnait pas à manger à ses enfants.

Un soir, comme je sortais d’un café, nous nous sommes rencontrés. Il est rentré et m’a dit: «donne-moi de l’argent». J’ai refusé. Devant tout le monde, il m’a répondu que j’étais sous sa coupe et que je devais lui rendre compte de ma vie.

Quand je suis rentré, vers minuit, mon père était couché. Il a voulu me demander des comptes. Je lui ai répondu: «Papa, j’ai 18 ans, ce n’est pas maintenant que je vais le faire. Il fallait t’occuper de moi avant!».

En entendant cela, il s’est levé et nous nous sommes battus. J’ai failli devenir un criminel le jour de Noël. Je lui ai ouvert la tête avec un nerf de boeuf. J’étais décidé à tuer mon père et j’ai cherché dans le tiroir un grand couteau de boucher qui y était toujours rangé. Mais je ne l’ai pas trouvé! Maintenant je réalise que Dieu m’a gardé de devenir meurtrier.

Je suis alors parti pour la région parisienne. Ce fut fatal pour moi. A chaque fois que je sortais, je me laissais entraîner par la boisson et dans toutes sortes de passions mauvaises. 

A 18 ans et demi, lassé de la vie, je décidais soit de m’engager, soit de me suicider. Je suis allé à Vincennes pour m’engager dans la Marine. Mais j’ai vu là tous les gars qui travaillaient et semblaient peiner. J’ai fait demi-tour en me disant: «je n’irai certainement pas là!». Mais il m’a fallu faire mon service militaire! J’étais à Saint-Raphaël au milieu des engagés, de vraies «têtes brûlées». C’est là qu’un jour j’ai dit: «Si vraiment Dieu, tu existes, tu dois me réformer». Je lui ai promis de le suivre et de le servir si j’étais libéré du service militaire. Mais je ne savais pas ce que c’était de le servir.

Un mois après j’étais libéré définitivement pour avoir eu de l’asthme dans mon enfance. J’ai reconnu là la main du Seigneur, mais je suis reparti.

Je voulais faire comme tous les jeunes, m’installer, me marier. Je désirais devenir bien et décidais de faire des économies pour acheter une boucherie. Mais en une soirée j’ai dépensé les économies de plusieurs mois. Mon cœur a été durement travaillé.

J’ai expliqué ma vie au Seigneur

Quelques jours après, le 2 juin 1964, alors que je jouais aux cartes avec des amis, tout à coup je me suis mis à trembler. Je ne sais pas ce qui a déclenché ce tremblement, mais j’ai senti qu’il se passait quelque chose qui n’était pas ordinaire. Je suis parti. Quand ma mère m’a vu, elle m’a demandé ce qui m’arrivait. J’ai pris mon train pour aller à mon travail à Argenteuil. Pendant le voyage une voix me disait que j’étais un lâche, que je ne tenais pas ma promesse. Je n’osais plus fumer une cigarette. Je croyais que j’allais pleurer dans le train devant tout le monde. 

J’ai essayé de me raisonner : «Tu es un homme, tu es un dur, tu t’es toujours bagarré… tu ne vas pas pleurer, tu t’es toujours défendu !»

Quand je suis descendu du train, il était 23h30. Je suis entré dans un café et j’ai essayé de calmer un peu ma conscience. Mais je n’y arrivais pas !

Alors j’ai décidé d’aller me coucher. Je suis rentré dans ma chambre d’hôtel, tourmenté, à la recherche de la paix.

Je n’en pouvais plus de sangloter. Je me suis mis à genoux au pied de mon lit et j’ai expliqué ma vie au Seigneur, lui demandant de me libérer de la boisson, du tabac et de toutes les autres choses. Et j’ai senti venir la paix, la joie.

Quelques heures après, quand je me suis levé pour aller à mon travail, je n’ai plus eu envie de fumer et de boire à nouveau. Ce que j’avais aimé, je le détestais! C’était une vie nouvelle !

Entre 6 heures et minuit, ma vie a été transformée. Il ne m’a pas été du tout difficile d’abandonner mon mode de vie ancien: à partir de ce moment-là, je ne pouvais plus sentir l’odeur d’une cigarette. Il en était de même pour la boisson…

Quelques semaines après, je fus baptisé dans le Saint-Esprit.

Un miracle dûment authentifié 

En novembre 1964, j’étais à l’article de la mort. Je m’étais endormi en conduisant sur l’autoroute de l’ouest. Ce fut un accident terrifiant. 

J’avais une fracture ouverte de la jambe droite (tibia et péroné), un éclatement de l’astragale gauche, une fracture du calcanéum droit, une autre du poignet droit et une fracture-tassement vertébrale.

Les médecins me dirent que je serais 6 mois sans mettre le pied à terre. Après une opération de 7 heures pour mettre les broches, j’en subis une deuxième où je risquais la paralysie à cause des vertèbres atteintes, puis une troisième pour retirer l’astragale. On m’avait dit que je boiterais un peu. 

Ma foi était un peu ébranlée mais je me suis quand même attendu au Seigneur.

Tout à coup une voix m’a dit à l’intérieur de moi-même: «Prie pour qu’un serviteur de Dieu vienne».

J’étais un grand blessé et les visites étaient pratiquement interdites. Pourtant, le Seigneur m’a exaucé et un pasteur vint me voir. Nous avons prié et j’ai saisi la promesse de Dieu par la foi.

Huit ou dix jours après, je quittai l’hôpital, mais je dus garder 5 mois les broches et le plâtre jusqu’au 25 mars.

Le 26 avril, je pouvais marcher sans canne. C’était le jour de mon mariage. Mais mes articulations étaient comme bloquées.

Lors d’une convention pastorale, quelque temps après, je suis allé à l’imposition des mains, je me suis attendu à la guérison par la foi.

Le lendemain, alors que je sortais de la réunion avec d’autres jeunes, ils m’ont proposé de courir un 100 m. Je n’ai plus pensé que j’étais malade et je me suis mis à courir. A 10 heures du soir, je criais «gloire à Dieu» dans la rue. J’étais entièrement libéré dans mes mouvements.

Quand je suis passé au contrôle, on s’est aperçu que j’avais encore un raccourcissement de 3 cm de la jambe droite à cause de l’opération. Sur l’estrade, je souffrais énormément quand il fallait rester dans la même position. Une chaussure orthopédique était nécessaire. Pourtant, un jour, en voiture, je me suis aperçu que je ne souffrais plus. Le soir quand je suis rentré, j’ai fait mesurer mes jambes. Elles étaient exactement semblables !

Le 7 février 1967, le Docteur Hulin de Nogent-le-Rotrou constata la transformation et il m’en fit le certificat. Il était stupéfait car ce n’était pas un croyant. L’assurance m’avait reconnu 38,5% d’infirmité et je n’avais plus rien !»