C’était un non-événement, un infime «fait divers» à l’échelle des nouvelles qui parcourent le monde et «font l’information»…

Pourtant ce petit rien a fait son chemin jusqu’aux pages intérieures de quelques journaux, et a même fait l’objet de quelques «brèves» sur des radios! Sans doute parce que de tels actes se font bien rares… mais qu’ils éveillent encore chez la plupart un sentiment confus, mais fort, comme une secrète admiration mêlée de stupéfaite incrédulité.

Voici les faits :

le vendredi 30 décembre dernier, avenue Jean Mermoz à Montpellier, le gérant du supermarché Casino, qui se rendait à pied à la banque vers 11H30, pour y déposer la recette de la matinée, perd la volumineuse enveloppe remplie de grosses coupures et de chèques. Arrivé à l’établissement bancaire, il réalise la perte, revient sur ses pas… En vain: l’enveloppe est introuvable. Elle contenait 2430 euros en liquide, et plusieurs milliers d’euros en chèques…

Mais environ une heure plus tard, c’est le commissariat qui appelle le magasin pour annoncer qu’elle vient d’y être déposée et qu’il peut venir la récupérer.

Entre-temps, en effet, une passante, dame de 56 ans, l’a trouvée dans la rue et immédiatement apportée à la police, ayant identifié le propriétaire grâce au libellé des chèques. Il ne manquait pas un centime à la somme que contenait l’enveloppe.

Cette dame honnête a voulu garder l’anonymat et a décliné la récompense que souhaitait lui offrir le gérant du supermarché, expliquant qu’elle estimait n’avoir agi que de manière parfaitement normale…

Normale… Oui. Mais rare !

Bien sûr, esquisses de sourires «apitoyés» et méprisants, voire moqueries – silencieuses généralement – accompagnent souvent aujourd’hui de tels gestes.

Naguère, ils auraient servi d’illustration à une «leçon de morale» ou «d’instruction civique»; toutes choses désormais jugées ringardes, aliénantes, insupportablement contraignantes… Foin de «morale», foin de civisme…? Alors, voici venu le temps de l’incivilité! Et avec elle, de la défiance, du «sécuritaire»…

Ce qu’une société sème, elle le récolte. A semer le vent du relativisme éthique et moral, on récolte la tempête d’une société dont les murs se fissurent et se désagrègent dans la constante augmentation des vols, escroqueries, viols, violences…

Pour tenter de colmater ces brèches de plus en plus nombreuses, l’on y lance des appels redoublés aux comportements et aux gestes «citoyens»… parant ainsi de nouveaux mots «politiquement corrects» d’anciennes réalités qui avaient noms morale, civisme, éducation…

Ce que possédait en elle cette Montpelliéraine honnête.

Normal son geste ? Certes !… Mais loin d’être normatif. Et donc d’autant plus remarquable. Exemplaire, il méritait de faire toutes les «Unes» et tous les «prime times».

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