« Plaignez les jeunes qui ne sont pas obligés de travailler ».

Après ces paroles qui peuvent déconcerter, le sage docteur Mac Millen explique :

« un père faible fait lui-même le travail prévu pour son fils ! »

Que ce soit telle ou telle besogne, parfois rude, « parce que son fils est rentré tard dans la nuit et passe toute la matinée au lit, le papa risque une crise cardiaque, alors que son grand gaillard de fils fainéante, bâtissant des « châteaux en Espagne », lui qui n’a jamais appris à construire une « cabane sur la terre ».

Le vieux docteur enchaîne, parlant de ces « états d’âme » et même de ces « déséquilibres » qui font de certains, de plus en plus fréquemment, des asociaux, à la dérive, et même des violents :

« … pour ces cas-là, il n’y a pas d’ordonnance médicale supérieure à la brosse à récurer » (c’est-à-dire un travail manuel bien réel et absorbant !).

Rempli de son solide bon sens et d’une très grande expérience humaine, cet homme sensible et bon, mais aussi lucide poursuit :

« … Plus d’une mère préfère laver elle-même la vaisselle (ou les carreaux…) déclarant : j’aime mieux le faire moi-même que d’avoir à discuter avec ma fille pour vaincre sa mauvaise volonté ».

Et il ajoute :

« Une telle remarque indique une déficience pédagogique chez la mère et prépare pour sa fille une possibilité de troubles psychiques » ; et de citer l’exemple connu de beaucoup de médecins, commerçants et autres :

« … les parents arrivèrent avec leurs deux enfants de sept et neuf ans. Pendant que nous parlions, ces enfants changèrent de place, dans mon cabinet médical, à tous les objets qui pouvaient l’être. Les parents, gens bien éduqués, polis, leur firent de nombreuses remontrances verbales, mais rien de plus. En revanche le petit garçon donna un coup de pied dans la jambe de sa maman et la fillette cracha à plusieurs reprises sur son père. »

Cela me fit penser à ce que disait le Dr Douglas Kelly de l’Université de Californie et principal psychiatre au procès de Nuremberg : « Laissez Freud et sauvez l’enfant ». Et il ajoutait : la crainte de réprimander l’enfant est allée si loin dans l’éducation moderne qu’il en est résulté « une génération qui n’a pas appris la discipline nécessaire pour vivre en société… Nous avons été trop enthousiastes dans notre refus d’enseigner la maîtrise de soi par crainte de traumatiser ! »

S’il écrivait aujourd’hui, très vraisemblablement le Dr Mac Millen soulignerait la très difficile mission des parents dans un monde occidental où la simple évocation de la conscience professionnelle, du travail effectué avec soin, de la responsabilité de chacun paraît à beaucoup, anachronique.

Difficile aussi à cause d’un environnement hédoniste où tout pousse à « se faire plaisir » en refusant toute contrainte et plus encore toute référence éthique présentée comme aliénante et rétrograde.

Difficile également pour ceux qui sont en proie à de dures réalités économiques et sociales si déstabilisantes…

Difficile mais pas impossible comme bien des parents confrontés aux mêmes conditions matérielles hypothéquantes, et parfois pires encore, l’ont montré il n’y a pas si longtemps en élevant dignement leurs enfants : « pauvres, mais propres » était alors leur devise empreinte d’une légitime fierté et le mot « propre » allait bien au-delà du seul aspect corporel et vestimentaire.

D’ailleurs, ce n’est pas seulement dans le passé que de tels exemples ont existé, ils sont aussi d’aujourd’hui, bien que plus rares.

Et si les conditions de vie injustes auxquelles sont soumises des familles, les fragilisent et sont à dénoncer, elles n’expliquent pas tout, car dans bien des familles « bourgeoises » ou très aisées, au milieu de « la jeunesse dorée », la même épidémie sévit.

Les terribles conséquences de cet état de choses sont chaque jour visibles, et occasionnent tant de drames et de souffrances dans les maisons, à l’école, dans les rues…

Quelles que soient les difficultés, et elles sont grandes, il revient aux parents d’agir ; il leur faut redresser la tête, s’extirper du magma d’injonctions et de conseils en tout genre que leur assènent à longueur de temps des « spécialistes » et autres, qui souvent n’ont pas eux-mêmes d’enfants, ou dont les enfants donnent le mauvais exemple…

Pères et mères doivent réaffirmer que leurs enfants sont d’abord « leurs » ! Que c’est à eux d’en assumer la responsabilité et de les conduire avec bonté, compréhension, mais aussi avec fermeté dans le chemin redoutable qui les mènera à la stature d’hommes et de femmes dignes de ce nom.

Les aimer, comme seuls les parents peuvent aimer, c’est leur apprendre à bien se conduire en tous domaines, à travailler, à devenir responsables, à respecter les autres et à aider leur prochain, en particulier le plus faible et le plus petit.

Quel chemin !

Mais c’est le plus enthousiasmant, le plus noble, car il forme à la vie ceux que l’on a appelés à la vie.

La Bible dit :

« Instruis l’enfant dans la voie qu’il doit suivre et quand il sera adulte, il ne s’en détournera pas ».

Instruis : en paroles, certes, mais plus encore par l’exemple.

Le docteur était vraiment un sage !

 

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